Si, selon les « anciens » historiens locaux ce sont bien les bénédictins, religieux de l’abbaye qui au 18e siècle auraient conçu, réalisé et financé le pont permettant à la route de Vesoul de franchir la Lanterne au sud de Faverney, pour Bernard Arnould (Le franchissement de la Lanterne à Faverney au 18e siècle, in Haute Saône Salsa, Supplément au n°59 - juillet-septembre 2005), l’« histoire vraie » du « Pont des Bénédictins » est bien différente…
« Le vieux pont »
A la fin du 17e siècle, un pont sans parapets fait de pierres de taille et constitué de 16 arches avait été construit « aux frais du Roy » sur d’anciennes fondations « d'un temps immémorial »… Mais en 1734, il est emporté par une crue de la Lanterne.
« Le bac »
A la fin de la même année, la communauté villageoise met en service un bac guidé par un système de cordages pour permettre le passage de la rivière.
Mais des litiges surviennent dès 1735, quand l’abbé (et seigneur) de Faverney fait valoir son « droit de barque » puis lorsque le Roi lui-même conteste le droit de l’abbé !...
Le 30 mai 1746 la question juridique n’est pas réglée lorsque se produit un terrible accident : ce lundi de Pentecôte, au matin, alors que plus de cent personnes (dont un cavalier avec son cheval) y ont pris place afin de traverser la rivière pour se rendre aux cérémonies commémorant le miracle de 1608, le bac chavire. La catastrophe fait plus de cent victimes mortes noyées !
« Le pont provisionnel »
Très vite, un pont provisoire en bois est mis en service.
Souvent dégradé (par les crues, les chocs, la pourriture…), il est fréquemment l’objet de réparations, consolidations, modifications… Aussi, en 1778, est-il jugé « dans le plus mauvais état et exige une très prompte reconstruction que l'on ne croit pas concevable de proposer une nouvelle fois en bois... ».
« Le pont des Bénédictins »
Les travaux de construction de l’actuel pont commencent en 1784, sur des plans de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées (projet adopté par l'Assemblée du Conseil de Province). Pont en pierres de 7 arches à l’origine, il est prolongé de 2 arches supplémentaires, côté Faverney, suite à de gros dégâts causés par une crue, en 1789. La réception définitive de l’ouvrage aura lieu en 1793.
Bernard Arnould conclut ainsi son étude : « L’historique du pont ne laisse aucun doute sur l’authenticité de son origine, mais « la Légende du pont des Bénédictins » existe bien maintenant, elle aussi fait partie de l’Histoire du Beau Pont de Faverney».